CILS VIBRATILES DES POUMONS

Question

Bonjour,

Les travaux de Brice MARCET du CNRS de Sophia Antipolis sont une bonne nouvelle mais j'imagine qu'il faut se garder de se réjouir trop rapidement.
Cependant, pourriez-vous me dire quelles seraient les conséquences positives si effectivement on arrivait a faire repousser les cils vibratiles des poumons ?
Merci de votre réponse.

Réponse

Bonjour,

Les travaux de cette équipe sont en effet originaux et permettent d’envisager le développement de nouvelles thérapies dans la mucoviscidose. Afin de mieux comprendre ces travaux, j’ai contacté le directeur de l’équipe, Dr Pascal Barbry, avec qui nous avons rédigé la réponse ci-dessous.

Il s'agit de travaux de recherche fondamentale, qui se situent encore très en amont d'applications pratiques. Il est reconnu que, dans la mucoviscidose en particulier (mais également dans d’autres pathologies respiratoires), l’épithélium respiratoire est altéré par différents stress comme l’inflammation chronique et les infections répétées.

Le projet de cette équipe avait pour but initial de comprendre comment un épithélium respiratoire altéré par ces agressions pouvait malgré tout parvenir à se « reconstruire » et récupérer l'ensemble de ses propriétés initiales. En identifiant les molécules qui permettent cette « reconstruction », on pourrait ensuite envisager de renforcer les capacités de régénération de l'épithélium chez les patients. Ainsi, le laboratoire a découvert des molécules appelées « micro-ARN 449 » qui jouent un rôle majeur dans l’élaboration des cils vibratiles qui tapissent les voies aériennes supérieures.

Ces « micro-ARN 449 » font partie d’une famille de molécules appelées « microARN ». Il existe de nombreux microARN dans l’organisme qui les produit naturellement. Ces molécules ont d’importantes propriétés régulatrices notamment sur la réponse inflammatoire, la cicatrisation, la différenciation, la prolifération cellulaire....

Dans d’autres pathologies, des essais cliniques se développent déjà où des médicaments à base de certains de ces micro-ARN (différents selon telle ou telle pathologie) sont administrés. Suite aux travaux de cette équipe, il serait ainsi envisageable de développer un médicament à base de « micro-ARN 449 », ou de certains autres micro-ARN, également modulés lors d'une différentiation normale. Il serait ainsi possible de restaurer la fonctionnalité des cils et, ainsi, améliorer les symptômes respiratoires dans la mucoviscidose.

Les possibilités thérapeutiques offertes par l'ensemble des micro-ARN devraient être mieux exploitées dans les années à venir en définissant le rôle propre de chacune de ces molécules. Récemment, l’équipe américaine de Paul McCray a d’ailleurs fait une découverte intéressante pour la mucoviscidose. Ils ont montré qu’un autre micro-ARN, le micro-ARN 138, augmenterait la synthèse de la protéine CFTR-deltaf508 et, ainsi, augmenterait la quantité de protéine transportée à la membrane cellulaire.

Ces travaux de recherche, certes fondamentaux, permettent donc d’envisager de nouvelles thérapeutiques et sont très encourageants. Nous espérons avoir répondu à vos attentes et n’hésitez pas à nous contacter si vous avez de nouvelles questions.

Pascal Barbry & Harriet Corvol

06.11.2012

La réponse est proposée par: Dr Harriet Corvol

Références
1) Marcet B, Chevalier B, Luxardi G, Coraux C, Zaragosi LE, Cibois M, Robbe-Sermesant K, Jolly T, Cardinaud B, Moreilhon C, Giovannini-Chami L, Nawrocki-Raby B, Birembaut P, Waldmann R, Kodjabachian L, Barbry P. Control of vertebrate multiciliogenesis by miR-449 through direct repression of the Delta/Notch pathway. Nat Cell Biol. 2011 Jun;13(6):693-9.
2) Ramachandran S, Karp PH, Jiang P, Ostedgaard LS, Walz AE, Fisher JT, Keshavjee S, Lennox KA, Jacobi AM, Rose SD, Behlke MA, Welsh MJ, Xing Y, McCray PB Jr. A microRNA network regulates expression and biosynthesis of wild-type and DeltaF508 mutant cystic fibrosis transmembrane conductance regulator. Proc Natl Acad Sci U S A. 2012 Aug 14;109(33):13362-7. doi: 10.1073/pnas.1210906109