Attention: bien que certaines informations puissent être encore d'actualité dans un an, d'autres renseignements pourraient n'être plus à jour dans 3 mois. Si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à nous interroger.

compost

Question
Notre village va organiser une réunion d'information en vue de nous inciter à faire du compost. Nous sommes assez réticents, car nous pensons que ce procédé est un réservoir à pseudomonas... Qu'en pensez vous ?
Merci beaucoup.
Réponse
Bonjour,
Je n’ai pas retrouvé de données sur compostage « privé » et mucoviscidose. Les informations sur compostage et santé, concernent plutôt les déchetteries municipales et l’effet sur la santé pour les personnes employées pour ces activités ou pour les gens qui habitent à proximité des installations.

Les tas de compost ne sont pas particulièrement des réservoirs de Pseudomonas, par contre des études faites sur les concentrations des spores de champignons dans les installations de compostage et les régions avoisinantes révèlent que ces concentrations sont supérieures lors de certaines étapes du procédé, comme le retournement et le tamisage, mais qu'elles reviennent à un niveau normal à très courte distance de ces opérations. Les microbes qui contribuent au compostage se retrouvent dans tous les endroits où il y a de la décomposition de matières organiques. Le compostage favorise la prolifération de microorganismes thermophiles ou thermotolérants dont Aspergillus fumigatus. Les spores du champignon Aspergillus fumigatus sont les spores qui créent le plus d'inquiétude. L'Aspergillus fumigatus est un des micro-organismes les plus courants sur la planète et il existe dans presque tous les environnements intérieurs et extérieurs à une concentration de 1 à 50 spores par m3, bien différente du million de spores par m3 que l'on peut atteindre lors de la manipulation de substrats comme le compost, le fumier ou le foin moisi.

Bien que les concentrations de spores de champignons soient plus élevées que la norme dans les installations de compostage, des études menées auprès de travailleurs de longue date indiquent que ces microbes n'ont en général pas d’effet néfaste sur la santé des travailleurs. Cependant, certains professionnels exposés à l'inhalation répétée et massive de spores fongiques ou d'actinomycètes thermophiles lors de la manipulation de substrats comme le compost, le foin moisi et le fumier, développent des manifestations cliniques regroupées sur le terme d'alvéolites allergiques extrinsèques (poumon du fermier, poumon du champignonniste, …).

Les rares données disponibles portent sur le compostage de débris végétaux dans les déchetteries et les jardins (feuilles d'arbres, mauvaises herbes, tonte de pelouse), et il est vrai que les bactéries ne sont pas un problème dans ces conditions. Aujourd'hui, c'est autre chose : pour diminuer le volume des ordures ménagères (épluchures de légumes, écorces d'agrumes, …), certaines municipalités incitent au compostage en fournissant un équipement et en augmentant le coût de la collecte des ordures ménagères. Cette pratique est un peu différente de celle du compostage traditionnel (professionnel ou non), par la technique (dans quelle pièce de la maison sera installé le composteur, qui jettera les déchets dans le composteur), par la nature des débris végétaux utilisés dans le compostage (plus riches en sucres), et il est possible qu'elle permette la multiplication d'autres microorganismes.

Dans le cas de la mucoviscidose, deux situations doivent absolument contre-indiquer la manipulation de compost : la présence d’une aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA) et les patients greffés sous immunosuppresseurs. Dans les autres cas le risque d’avoir dans le fond de son jardin un tas de compost semble faible, à condition pour le patient de ne pas être dans l’entourage immédiat lors des phases de retournement, tamisage ou épandage, de ne pas garder les débris végétaux et alimentaires dans la maison plus de 24h et de ne pas jeter lui-même les déchets dans le composteur. Dans une optique préventive, il est souhaitable d'éviter que les patients soient exposés à des sources importantes de spores avant que ne se développe une ABPA. Comme toujours en l’absence de données scientifiques l’équilibre entre le risque et le plaisir est à balancer.

J’espère avoir répondu à votre question,

Dr Sophie Ravilly avec les conseils du Dr Jean-Philippe Bouchara (Angers)
10.03.2011
www.compost.org/frqna.html#section15

http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/etud_impact/syntcar_ei52.pdf