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les mycobacteries

Question
Bonjour,

mon fils de 6 ans vient d'avoir un ecbc qui montre la présence de mycobactéries.
J'aurai souhaité avoir plus de renseignements sur ce germe et savoir si mon fils aura ce germe à vie car j'ai cru comprendre qu'il est résistant aux antibiotiques.
Je vous remercie par avance de votre réponse.
Aussi j'aimerai savoir où en est la recherche concernant sa mutation :g542 x et 1811+1.6kba>G
Réponse
Bonjour,

Votre question est en fait double.

Concernant les mycobactéries, ce sont des bacilles dont la paroi est riche en cires (ou acides mycoliques, d’où leur nom) ce qui leur permet de retenir des colorants malgré l’action combinée d’acide dilué et d’alcool (d’où leur autre nom de bacilles acido-alcoolo résistants - BAAR). Cette particularité de la paroi est utilisée pour les identifier au microscope après une coloration spéciale, la coloration de Ziel-Neelsen. Leur culture pour examen microbiologique nécessite du temps (le germe pousse lentement) et un ensemencement sur un milieu spécial (milieu de Lowenstein).
Il convient de distinguer les mycobactéries responsables de tuberculose et le plus souvent spécifiques de l’espèce, humaine, aviaire ou bovine, (Mycobacterium tuberculosis, Mycobacterium avium, Mycobacterium bovis…) et les mycobactéries non tuberculeuses souvent également appelées en France « mycobactéries atypiques » - MBA. Ces MBA sont très répandues dans l’environnement mais rarement pathogènes (responsables de maladie) sauf en cas de déficit immunitaire ou de maladie inflammatoire pulmonaire sous-jacente. Ces germes sont ainsi de plus en plus souvent retrouvés chez les patients atteints de mucoviscidose. Les espèces le plus souvent en cause appartiennent au complexe Mycobacterium avium ou au complexe Mycobacterium abscessus. Leur découverte dans ECBC (examen de crachat) ne signifie pas obligatoirement que le germe est responsable de maladie respiratoire. Il peut s’agir d’un germe de l’environnement qui a contaminé l’ensemencement ou d’un germe réellement présent mais non pathogène.
Compte tenu de la fréquence croissante de ce germe chez les patients atteints de mucociviscidose, il est recommandé d’effectuer un prélèvement systématique pour recherche spécifique de MBA une à deux fois par an.
Des recommandations internationales de conduite à tenir en cas de découverte de MBA chez un patient atteint de mucoviscidose sont en cours de publication. Le traitement est indiqué lorsqu’il existe des éléments évoquant la responsabilité du germe dans l’aggravation de signes respiratoires cliniques et radiologiques malgré un traitement antibiotique dirigé contre les autres germes retrouvé à l’ECBC et que l’on retrouve le germe à l’examen microscopique et en culture ce qui nécessite parfois d’effectuer un prélèvement sous endoscopie bronchique. Il est en effet important de disposer du profil de résistance du germe pour le choix des antibiotiques si un traitement est indiqué car les résistances à aux MBA sont fréquentes.

Pour en revenir à votre enfant, le fait d’avoir retrouvé une fois ce germe ne signifie pas qu’il portera ce germe à vie : conformément aux recommandations, si des symptômes respiratoires persistent malgré un traitement antibiotique contre les autres germes retrouvés à l’examen de crachat, il convient d’abord, de vérifier sa persistance par d’autres prélèvement et sa responsabilité dans les symptômes observés avant d'envisager un traitement spécifique visant son éradication.

En ce qui concerne les mutations du gène de la mucoviscidose portées par votre enfant :
La mutation G542X est la deuxième mutation du gène CFTR la plus fréquente après la mutation principale F508del. C’est une mutation encore de classe 1 : c'est-à-dire que la synthèse de la protéine codée par le gène est interrompue prématurément à cause d’un codon « Stop » (d’où le nom de mutation stop) et est détruite dans le noyau avant toute migration dans la cellule.
La mutation 1811+1.6kba>G est une mutation bien plus rare, voire exceptionnelle. Elle n’est retrouvée que chez 34 des plus de 40.000 patients enregistrés dans la base de données internationale CFTR2. Sa classification est controversée du fait de la rareté des études concernant cette mutation. Dans une publication dans la revue Thorax en 2005, elle est considérée comme une mutation de classe 5 ayant pour conséquence une diminution de la quantité de protéine (du canal chlore) au niveau de la membrane cellulaire. En fait, d’autres équipes considèrent qu’il s’agit d’une mutation de classe 1 car la modification de structure de la protéine doit logiquement entrainer un dysfonctionnement du à ce que l’on nomme un « décalage du cadre de lecture ».
Des essais thérapeutiques concernant spécifiquement les patients porteurs d’une ou deux mutations de classe 1 sont en cours. Les résultats ne sont pas annoncés avant plusieurs mois.

Souhaitant avoir répondu à vos questions.
Bien cordialement.
Dr Gilles RAULT, CRCM de Roscoff
et Marie-Pierre AUDREZET, laboratoire de génétique moléculaire, CHU de Brest
14.11.2014
La réponse est proposée par: Dr Gilles Rault